Noël, c'est fait. Plus que Saint-Sylvestre et le Nouvel-An, et on revient dans la normalité…
En voilà donc encore une de passée. Une de plus ? …ou une de moins ? Je me rends compte être peu à peu entré dans l'âge où l'on se met à compter à l'envers.
Je suis parfois (souvent, je crois, souvent…) comme un enfant: j'ai l'impression de ne rien savoir et voudrais tout apprendre. J'aimerais pouvoir passer l'hiver en me calfeutrant, englouti dans un amas de coussins, près d'une cheminée au feu crépitant, entouré de piles de bouquins que je lirais les uns après les autres, n'interrompant ma lecture que pour changer de CD dans le lecteur, et parfois aussi pour… me sustenter de quelque manne bassement terrestre, ou de quelque entracte délicieusement polisson.
Ne rêvons pas: d'ici quelques jours on reprend le turbin. Et bonne année à tous.
C'est une histoire complexe, et néanmoins très simple. C'est une histoire d'humanité, mais aussi une histoire de déchirements. Ça raconte la vie qui va, ses rires et ses malheurs. C'est une histoire de générosité, mais aussi d'égarements. Ça raconte des rencontres, mais aussi des abandons. C'est une histoire d'amitiés, mais aussi d'éloignements.
Et c'est un (petit) peu l'histoire de ma jeunesse.
C'est un film, en deux parties, de plus de 6 heures au total. Mais c'est pas long, et on en redemande. C'est italien, mais tout autant universel.
Ça s'appelle Nos meilleures années, et ça m'a passablement ébranlé…
A part ça c'est Noël tout soudain, alors… Joyeux Noël !
Reçu cette citation, dans le mail d'un ami: L'harmonie, c'est la conciliation des contraires; ce n'est pas l'écrasement des différences, d'un dénommé Daniel Gœudevert (qui se trouve être l'ex n° 2 de Volkswagen).
Ecrire… un peu plus que ces quelques "minutes" momentanées, ces appréciations convenues, ces breloques empruntées… (Faudrait que je m'y mette, là, tout de suite.)
Je sors à peine de la lecture de La Part de l'autre d'E.-E. Schmitt, et j'ai peine à en sortir.
"Car [les salauds altruistes] ont raison à l'avance. Ils savent. Ce ne sont pas leurs idées qui tuent, mais le rapport qu'ils entretiennent avec leurs idées: la certitude. Un homme certain, c'est un homme armé. Un homme certain que l'on contredit, c'est dans l'instant un assassin. Il tue le doute. Sa persuasion lui donne le pouvoir de nier sans débat ni regret. Il pense avec un lance-flammes. Il affirme au canon."
Non, finalement, je ne m'étendrai pas sur les résultats de l'élection du gouvernement suisse (conseil fédéral) mercredi dernier. A droite, toute ! Et que ça saute ! Mamma mia, les années qui viennent vont pas être tristes pour la formation, pour la culture, pour les étrangers, pour…
Et puis ça fait drôle, tout d'un coup, de me dire que j'ai largement le temps de casser ma pipe avant que la Suisse entre dans l'Union européenne…
N'arrête pas de douter, c'est ce qui fait de toi ce que tu es. Un homme fréquentable. Cela te donne un sentiment d'insécurité, certes, mais cette insécurité, c'est ta respiration, ta vie, c'est ton humanité. Si tu voulais en finir avec cet inconfort, tu deviendrais un fanatique. Fanatique d'une cause ! Ou pire: fanatique de toi-même ! (Eric-Emmanuel Schmitt, La Part de l'autre)
Ce jour-là eut lieu un événement mémorable, qui se révéla unique: la rencontre de trois monstres de la chanson francophone, Brel, Brassens et Ferré. Un lundi, en fin d'après-midi, ces trois-là se réunissent dans un petit appartement de la rive gauche, à l'initiative de François-René Cristiani, alors étudiant en journalisme et pigiste à Rock & Folk.
Deux heures non-stop d'un entretien où ils parlent de la chanson, de la création, de ce qui fait le quotidien des années soixante, et puis de la vie, de l'amour, de la mort, des femmes… Léo Ferré: (…) la femme n'a de cesse qu'arrive – après la fin de l'amour – la tendresse, ce bâtard insoutenable de l'amour, qui fout tout par terre. Et qui, moi, me rend encore plus seul que tout, vous comprenez. La tendresse, c'est la fin du monde… Parce que ça prend, parce qu'on est chocolat. Moi, quelqu'un qui est tendre, je suis marron; et si je suis marron, je suis un esclave. Et si je suis un esclave, je ne suis plus un homme !… Des extraits en seront diffusés sur RTL quelques jours plus tard, je me souviens les avoir entendus.
Un livre vient de sortir: Trois hommes dans un salon. C'est l'entretien au complet. A le lire, je crois les réentendre. Brel, qui n'a pas encore quarante ans, qui a fait ses adieux au tour de chant trois ans plus tôt déjà, et qui joue depuis quelques jours seulement L'Homme de la Mancha. Brassens, pas encore cinquante balais, et qui depuis deux ans connaît de sérieux problèmes de santé. Ferré, le doyen, qui enregistrera "C'est extra" le lendemain de cette entrevue (!), et qui sur la lancée de Mai 1968 connaîtra une seconde jeunesse… Et puis il y a les photographies de Jean-Pierre Leloir, de belles photos. Et quand je les vois, je me rend compte que je suis aujourd'hui plus vieux que chacun des trois, sur les photos ! Le blues…
Dans le cadre du psychodrame des élections fédérales, et de la journée tant attendue de l'élection au Conseil fédéral mercredi prochain, Eric Hoesli propose un joli principe dans son éditorial d'aujourd'hui dans Le Temps: "Si l'on veut vraiment jouer «à qui fera pipi le plus loin», il faut être certain de ne pas en mettre sur ses chaussures."
Et me voilà replongé dans les méandres des inventaires des fouilles médiévales, au Musée d'archéologie et d'histoire. Une façon comme une autre de finir l'année assez "peinard"…
Lors de la cérémonie relative à l'Initiative de Genève, une mère palestinienne est venue dire: Dans la vie, on est aveugle deux fois: d'abord quand on connaît l'amour, et ensuite quand on connaît la haine (…) A défaut d'aimer mon ennemi, l'occupant, j'aimerais ne plus le haïr…
La vie est pour moi un mystère. Elle est faite d'amour et de douleur. On aime et on souffre. On souffre et il faut aimer. (…) Pourquoi faut-il aimer ? On ne sait, c'est un mystère. Mais l'amour est comme une lumière.
Ces mots sont ceux de Denise Bardet, parmi beaucoup d'autres, écrits dans son journal intime. Elle était institutrice. Elle est morte le jour de ses 24 ans, brûlée dans l'église d'Ouradour sur Glane, avec 247 autres femmes et 206 enfants du village. Les hommes, eux, répartis dans quelques granges, avaient été mitraillés puis brûlés par les Allemands de la 2e division Waffen-SS "Das Reich", en ce samedi 10 juin 1944.
A côté des 642 tués, il y eu quelques très rares rescapés. Quelle douleur ont-ils vécue, profonde, tenace ? Cette douleur, on la sent dans leur voix: elle est là, sans nuance, froide, enracinée, sœur d'une calme colère.
– Des psys, on en a pas eu.
– Comment avez-vous fait ?
– On a vécu…
Magnifique et terrifiante série entendue sur la Radio romande: Histoire vivante. (Allez-y si ça vous tente, ils gardent leurs archives accessibles sur Internet pendant un mois…)
C'est une bande de dingues, suisses allemands par ailleurs (c'est pas incompatible…), connue sous le nom de Karl's kühne Gassenschau. En été 1995, ils avaient pris possession de la carrière de Saint-Triphon, et l'avaient enflammée avec un spectacle hallucinant: r.u.p.t.u.r.e. Six ans plus tard, ils avaient remis ça avec un "naufrage" routier: t.r.a.f.i.c.
Et voilà qu'ils reviennent en juin prochain, avec un nouveau bébé: AKUA. Pour ce faire, ils doivent creuser un lac, dans la carrière… Six millions de litres d'eau !… Un beau morceau d'été en perspective.
Dans un café en basse ville de Fribourg, au sortir d'une séance au Service archéologique.
La vue vers la ville haute sur son éperon rocheux, avec ses maisons accrochées à la falaise et plongeant sur la Sarine, est toujours un véritable régal.
Tous deux comptent parmi les fossoyeurs de la défunte Swissair, après s'en être mis plein les poches, bien évidemment.
Ils se sont tous deux recyclés: le premier se lance dans le conseil en entreprises, le second envisage de fonder une nouvelle compagnie d'aviation !
Comme disait Reiser, on vit une époque formidable…
Dans ma voiture, me rendant à l'abbaye cistercienne de Hauterive, pour régler deux ou trois détails concernant les relevés archéologiques. J'avais connu ce havre de paix cet été, dans la chaleur accablante, à l'abri sous les voûtes du cloître. Je le retrouve dans la fraîcheur, la pierre froide, les oiseaux déjà presque muets…
Un problème, depuis quelques temps… depuis combien de temps, en fait ? C'est plutôt un problème de fréquence, qui s'accélère. Les morts qui touchent se suivent. Sans forcément se ressembler. Mais se suivent.
Aujourd'hui, c'est Jean-François Bovard qui est reparti en poussières. Le génial créateur avec Léon Francioli, Nunusse Bourquin et Olivier Clerc du génial quartette BBFC.
Bon. Un musicien génial de plus avec les anges.
Manifestation éclatante de mon côté "papa-gâteau": préparation d'un pique-nique pour mon "grand", qui se rend à une LAN, pour tout le week-end, à l'EPFL.
Avant de l'accompagner, avec tout son bazar dans le coffre. D'une pierre deux coups, c'est lui qui conduit, il a besoin d'accumuler des heures de volant pour pouvoir le passer, ce foutu permis…
De retour d'un petit trajet à travers la campagne vaudoise. Tout est moite de la pluie de ces dernières heures, et brille sous un pâle soleil. Tout est étrangement calme, rien ne bruisse, mais les amas de feuilles roussies parlent pour les coups de vent d'hier après-midi. Au loin, les Alpes appesanties de neige détrempée nous rappellent qu'on ne voit pas la mer, depuis chez nous…
Je sais plus… je devais probablement faire de l'ordre sur mon bureau, pour passer le temps, mais je sais plus…
Blogger.com était inatteignable, ils étaient en train de faire le ménage eux aussi…
Pause café. Lecture des journaux.
Et qu'est-ce que j'apprends ? Halloween n'a plus la cote ? Cette fête fabriquée, imposée par l'oncle Sam, ne fait plus recette ? Mais vous m'en voyez tout réjoui !
Tiens, ça me fout la pêche, ça. Je me remets au boulot illico.
Hyperconcentré, la tête dans le sac, pour corriger ces épreuves reçues hier. Bon, disons que ma concentration se relâche quelques minutes, le temps d'écrire ce post d'une hallucinante actualité. Mais je m'y replonge…
Heureusement qu'il fait un beau soleil.
Trop mangé, ce soir. Ça doit être l'hiver qui arrive, sournoisement. L'estomac se met à en réclamer un peu plus. Faudrait que je fasse gaffe aux kilos…
Digestion devant la téloche, en regardant Chaos, de Coline Serreau. Où le féminisme rejoint la poésie…
Bon. Grosse confusion ce matin, parce qu'on a simplement oublié le passage à l'heure d'hiver. Et zut ! on gagne une heure et on la galvaude, en ne profitant pas de la passer sous la couette…
Alors, voilà: 10 h. 10, heure d'été: préparation du grand jus dominical traditionnel, carrotes-pommes-raisin-oranges. Le bien-être qui vous coule dans l'œsophage.
Et 10 h. 10, heure d'hiver: tri dans les factures pour payements mensuels…
Ça s'appelle un chaud-froid, en langage courant.
"En vérité, le poète, le vrai poète, possède l'art du funambule. Ecrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème, d'une œuvre, d'une histoire couchée sur un papier de soie. Ecrire, c'est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n'est pas de s'élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point. Non, le plus difficile, pour le poète, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe."
Neige, Maxence Fermine.
Etant donné qu'on ne peut pas être à la fois au four et au moulin ("comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour aller visiter la Hollande"… elle est pas de moi, rassurez-vous, elle est de Pierre Desproges, mais le cynisme de Desproges me fera toujours hurler de rire…), comme on ne peut pas, donc, être à la fois au four et au moulin, j'ai loupé l'opération Biblioblog proposée par Pointblog en septembre dernier. Où les blogueurs (-gueuses) étaient appelé(e)s à donner les trois bouquins incontournables à leurs yeux. (Et accessoirement montrer qu'ils (elles) savent aussi lire ce qui est écrit sur du papier.) Résultats à voir ici.
Pour ce qui me concerne, j'aurais sans doute donné mes suffrages à:
- Belle du Seigneur, d'Albert Cohen
- Si c'est un homme, de Primo Levi
- Rapport aux bêtes, de Noëlle Revaz
Mais bon, c'est trop tard…
Là, on rigole pas, ça bosse. Entretien au LRD (Laboratoire romand de dendrochronologie) pour définir un programme de prélèvements au château d'Aigle en relation avec les analyses archéologiques en cours portant sur la bretèche. Et toc !…
(Tiens, je vais en faire un billet quotidien…)
Dans le train, direction Bâle, nous rendant à l'exposition Paul Klee à la Fondation Beyeler. Je quitte la lecture du mode d'emploi de mon appareil photo numérique (un monument de complexité, l'appareil un peu, mais le mode d'emploi surtout…), et entreprends avec délice celle de Neige, de Maxence Fermine.
«La poésie n'est pas un métier, C'est un passe-temps. Un poème, c'est une eau qui s'écoule. Comme une rivière.
– C'est ce que je veux faire. Je veux apprendre à regarder passer le temps.»
Un soleil bienvenu, aujourd'hui, repoussant au fil de la matinée des traînées de brume pour les envoyer ad patres. La forêt, jaune et rousse, prend de vraies allures automnales. Elle devient vraiment belle, la forêt, quand elle prend un coup de vieux. Un peu comme les mecs…
Dimanche de grisaille, et d'attente… Attente des résultats des élections fédérales, qui ont lieu aujourd'hui. On s'attend en Suisse à un "ras de marée" de la droite pure et dure, populiste en diable, xénophobe souvent et vaguement facho si ça se trouve, pour certains. Laquelle droite s'appelle ici UDC, soit Union démocratique du centre (sic !)… on n'a pas peur des contradictions… Bref. C'est dire si l'avenir européen de notre vieille Helvétie semble de plus en plus lointain.
Tiens… à ce propos… Franz von Däniken, notre secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, aurait dit: "Les europhiles, dans la politique suisse, c'est comme les armes de destruction massive de Saddam Hussein, on a de fortes présomptions de leur existence, mais on ne les trouve pas". (Aurait-on parfois un tantinet le sens de l'humour, sous la Coupole ?)
Un peu groggy hier soir, tard, au sortir d'une représentation de "La bonne âme de Setchouan" de Brecht (mise en scène d'Irina Brook, avec Romane Bohringer).
Une fois de plus, nous sommes des privilégiés. Le Théâtre de Vidy-Lausanne, coproducteur de ce spectacle avec le Théâtre National de Chaillot, Paris, et la Maison de la culture de Nevers, en a la primeur pendant tout le mois d'octobre. Avant son départ en tournée, en France et en Belgique (pour la tournée en Belgique, pas d'info précise, s'cusez-moi…). Quant aux Québécois, désolé, vous vous en passerez… mais qu'est-ce que vous manquez !
Alors, camarades francophones amoureux de Thalie et Melpomène, à vos agendas !
… on essaie, on essaie…
"Avoir éprouvé la fascination des extrêmes, et s'être arrêté quelque part entre le dilettantisme et la dynamite" (E. Cioran, Syllogismes de l'amertume, 1952).
Et merde, un de plus. François Béranger, chantre de la chanson libertaire, vient de casser sa pipe. Il m'avait, lui aussi, aidé à traverser les années 70. On se fait vieux, ma bonne dame, on se fait vieux…
Fragments d'un entretien entendu aujourd'hui même à la radio.
Passer par la haine, c'est prendre le risque de ne jamais en sortir.
La haine on y prend goût. Ça évite de penser.
Avec la haine on est tranquille, on n'a qu'une seule pensée à la fois…
On a le sentiment d'entrer dans une saison sans nom, une sorte de "derrière le miroir", sans ombres, où la lumière semble ne pas avoir d'origine.
"On saisit incomparablement plus de choses en s'ennuyant qu'en travaillant, l'effort étant l'ennemi mortel de la méditation", E. Cioran, Aveux et Anathèmes, 1987.
Elle s'appelle Tania, elle utilise la poésie comme une arme.
Elle collait ses poèmes contre les murs de la ville. Elle voulait donner quelque chose d'elle aux gens qui passent, égayer leur journée: pendant 12 mois, une soixantaine de poèmes par semaine. Faites le compte: près de 3000 textes accrochés aux façades du centre de Lausanne. Avec le temps, ils se détériorent, les mots s'estompent, ça donne un autre poème, inattendu… Bien sûr, la maréchaussée est intervenue: pas méchamment, avec le sourire, mais fermement.
Alors, Tania a changé de stratégie. Elle imprime ses poèmes en tout petits caractères, sur du papier autocollant. Et elle va dans les supermarchés, elle les colle au hasard sur des produits de grande consommation…
Vieillir, c'est prendre peu à peu conscience de sa propre médiocrité. Ou c'est s'obstiner à ne pas vouloir en prendre conscience.
Voilà peut-être ce qui distingue "bien" et "mal" vieillir…
Lundi férié, chez nous. Un calme étrange, comme un été qui ne voudrait pas s'en aller. Balade jusqu'à Vevey, à travers les vignes plongeant sur le lac. Pour un moment hors du temps, à l'exposition Zoran Music qui se tient au musée Jenisch. Peindre ne peut être qu'ébaucher. Une œuvre n'est jamais finie…
Week-end (un peu) pénible. Grippé, j'ai dû assurer présence aux Journées du Patrimoine. Dimanche soir: sous la moquette ! Lundi: lit, somnolence, tentative de lecture; et boire; boire et pisser…
Aujourd'hui, je m'aventure à risquer un peu de boulot. Du bout des doigts, ou des lèvres, c'est selon.
Une voix grave et douce,
enivrante et douloureuse,
séductrice et exaltée,
surgissant de vagues et de rochers oubliés, comme perdus en mer,
épousant en une étreinte étroite la plainte jubilatoire du violon, du bandonéon, de la clarinette.
Qu'on est loin des musiques inutiles dans lesquelles on nous noie dès l'abandon des rêves…
D'un bleu très noir. Le beau titre d'un inoubliable tour de chant, puis du CD qui suivit. J'avais inauguré mon blog en l'écoutant jusqu'à l'ivresse. Je l'ai ressorti hier, un peu par hasard. Magnifique Angélique Ionatos, je t'aime…
Toute la journée la bouche ouverte, les yeux qui coulent, l'impression que le museau s'étend jusqu'aux oreilles. C'est d'un sexy!…
La nuit risque d'être agitée.
Soit je fais toutes les petites bricoles que j'ai à faire, là, maintenant, soit je me glisse sous la couette avec un bon bouquin. Quel va être mon choix ?…
J'ai quand même le sentiment que mon cerveau doit s'être partiellement liquéfié, cet été. Quelle peine à retrouver un rythme de croisière !… Bon, on nous dit que l'été va finir brusquement entre demain et vendredi (hier le 0° était à 4000 m, après-demain, il neige à 2000 ! ) Dommage, mais ça va me redonner un peu de jus.
Pour ceux qui ne vont pas grappiller chez MediaTIC: un blog vient de s'ouvrir, samedi dernier. C'est celui d'une Irakienne de 24 ans, de Bagdad.
Comme quoi, un blog ça peut être autre chose que … Parce que l'Irakienne en question, c'est pas pour déconner qu'elle a ouvert son blog…
Terriblement besoin de musique(s), ces temps. On va sur la fin de l'été, même s'il fait encore chaud les matins ont peu à peu des ambiances automnales. Envie de refaire le nid. De se sentir bien, loin des "méchants".
Là, j'écoute à perdre haleine Prism de Keith Jarrett, extrait de Personal Mountains. Bon, je bosse un peu aussi, faut dire…
"Les Etats-Unis se doivent d'être exemplaires. Le fleuron de la démocratie ne peut pas adopter une politique où la fin justifie tous les moyens. Il renierait ses engagements internationaux, mais aussi ses valeurs fondatrices, à commencer par la liberté."
Ça, c'est Sergio Vieira de Mello qui l'a dit, avec élégance. Les archéo-cons ont eu raison de lui. Hé, Georges Dabeliou Bouche, tu as foutu le monde dans une belle merde !…
Il y a un peu plus d'un mois, Khazâd rédigeait un post nous apprenant qu'il (re)découvrait le texte d'une chanson qu'il considère comme l'un des plus beaux textes de la chanson française. C'est vrai qu'elle avait fait fureur il y a une trentaine d'années (eh oui…): Avec le temps. Khazâd oubliait tout simplement de rappeler que l'auteur-compositeur-interprète n'était autre que le grand Léo Ferré.
Lequel Léo Ferré a nourri mes rêves et mes révoltes d'adolescent, soit qu'il chante Aragon, Baudelaire ou Caussimon, soit qu'il nous balance à la gueule ses magnifiques LP que furent Amour-Anarchie, La Solitude, Il n'y a plus rien… (Mais, s'cusez-moi, je parle d'un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître.)
Réveil au petit matin, avec le plaisir d'entendre l'orage au lointain, une pluie fine dévalant des nuages, et surtout de sentir sous/sur le drap que la température s'était décidée à faire un peu de chaise longue. On avait oublié que ça pouvait exister.
Depuis quelques semaines (mois), on assiste à de menus bouleversements dans la blogalaxie, du moins dans les (trop) rares systèmes solaires dont mon astéroïde visite épisodiquement / périodiquement / quotidiennement quelques-unes des planètes, voire l'étoile autour de laquelle celles-ci gravitent…
CJD, le tout premier blog consulté lorsque j'ai été frappé de plein fouet par le phénomène, n'émet plus depuis fin mars déjà. Cassandra, qui tenait avec une sincérité déroutante un journal sur lequel, très tôt, j'aimais à me rendre avec une régularité de métronome, a décidé d'y mettre un terme le 20 juin dernier. Hopeless Dreams, dont la poésie mélancolique me touchait lorsque j'allais à sa rencontre, a préféré, il y a une quinzaine, confier ses textes et ses rêves au silence du papier. Quelques jours plus tôt, c'est NoMind'sLand qui, après une petite dizaine de semaines seulement, débranchait la prise: j'avais eu le plaisir de le découvrir, sur le tard, et la surprise d'y voir proposé un lien vers mon modeste astéroïde. Et d'autres encore, parmi lesquels «Le carnet du Picodor» qui, lui, s'est non seulement envolé ce printemps, mais n'est à ce jour plus atteignable du tout… Manquerait plus que Jolie-Mé décide elle aussi de tirer sa révérence…
Mais… le roi est mort, vive le roi !
Depuis 139 ans, MétéoSuisse tient des statistiques précises. Le record de température, en Suisse, était détenu par Bâle, avec 39° C, depuis 1952. Pulvérisé hier, en atteignant 41,5° C, aux Grisons !
On nous prédisait un climat méditerranéen pour les décennies à venir: il semble arriver plus tôt que prévu…
Fait trop chaud… je vais aller chercher un peu de frais à la montagne. Deux ou trois jours.
Je vous abandonne donc encore une fois.
La rentrée va être laborieuse…
De retour, donc. Dix jours pleins de Festival Off à Avignon. Une chaleur étouffante. Des hectolitres d'eau minérale. Une foule bon enfant inondant les ruelles. Deux orages. Des spectacles à la pelle. Du bon du moins bon, faut bien sûr s'y attendre. Quelques repas sur d'agréables terrasses. Une soixantaine d'heures de mistral à décorner les bœufs. Un grand élan de solidarité avec les "intermittents". Une pénichette accueillant nos nuits, bercées par les flots du Rhône.
A refaire.
J'ai tellement laissé aller ce blog, ces dernières semaines… mes excuses aux (rares) visiteurs qui y font amicalement un détour.
Faut dire que j'avais l'esprit ailleurs. Pas seulement l'esprit, en fait. Toute mon attention et la plus grande partie de mon temps (à côté du boulot, fallait en garder un peu pour lui aussi) étaient occupées par le spectacle "Le Barbier de la Corde" qui a fait en ce début d'été l'actualité de la région, et auquel je participais activement. Une année et demi de préparation et de répétitions, pour un petit mois de représentations, qui se sont achevées triomphalement samedi dernier. Le tout accompagné d'une météo bénie des dieux, inespérée sous nos latitudes. C'est brusque, mais il fallait bien que ça se termine… Un peu le blues quand même: avoir tant reçu d'un public enthousiaste, c'est magique.
OK, je vais m'y remettre, à ce blog. Sérieusement, j'espère… mais après les vacances. Pour le moment, fait trop chaud. Il y aura donc un petit côté "rentrée" qui fera que, peut-être, je lui changerai son look, je le peaufinerai, néanmoins dans des mesures raisonnables (je veux dire: en accord avec mon aisance relativement limitée et bas de gamme dans le genre).
…un petit extrait lu chez Jean-Michel Ribes (dans Merci Bernard)…
Le gros mot caché Dans l'amusante petite scène qui suit, le dialoguiste, Louis Ceribou, a très habilement caché un gros mot. Essayez de le découvrir.
«Une rue d'une petite ville. Un homme en croise un autre.
André: Tiens, bonjour mon vieux Paul.
Paul: Fais attention, tu ne vois pas que tu me marches sur le pied, gros con !»
Si vous avez trouvé le gros mot caché, envoyez votre réponse à: Merci Bernard, BP 1, Paris.
Solution de la semaine dernière:
Le gros mot caché de la semaine dernière était "trou du cul". Bravo à la petite Jocelyne, 5 ans, de Dijon, qui nous a répondu la première et qui gagne une poupée qui dit "merde".
Je viens d'entreprendre la lecture du dernier roman de Kundera, L'ignorance. Roman de la mémoire, du déracinement, de la souffrance face à l'exil. Un régal, que je vais déguster les jours qui viennent.
A propos d'Ulysse, quelques lignes terrifiantes, qui me poursuivent depuis que je les ai lues tard hier au soir:
Pendant les vingt ans de son absence, les Ithaquois gardaient beaucoup de souvenirs d'Ulysse, mais ne ressentaient pour lui aucune nostalgie. Tandis qu'Ulysse souffrait de nostalgie et ne se souvenaient de presque rien.
On peut comprendre cette curieuse contradiction si on se rend compte que la mémoire, pour qu'elle puisse bien fonctionner, a besoin d'un entraînement incessant: si les souvenirs ne sont pas évoqués, encore et encore, dans les conversations entre amis, ils s'en vont. Les émigrés regroupés dans des colonies de compatriotes se racontent jusqu'à la nausée les mêmes histoires qui, ainsi, deviennent inoubliables. Mais ceux qui ne fréquentent pas leurs compatriotes, comme Irena ou Ulysse, sont inévitablement frappés d'amnésie. Plus leur nostalgie est forte, plus elle se vide de souvenirs. Plus Ulysse languissait, plus il oubliait. Car la nostalgie n'intensifie pas l'activité de la mémoire, elle n'éveille pas de souvenirs, elle se suffit à elle-même, à sa propre émotion, tout absorbée qu'elle est par sa seule souffrance.
Après avoir tué les téméraires qui voulaient épouser Pénélope et régner sur Ithaque, Ulysse fut obligé de vivre avec des gens dont il ne savait rien. Eux, pour le flatter, lui rabâchaient tout ce qu'ils se rappelaient de lui avant son départ pour la guerre. Et, convaincus que rien d'autre que son Ithaque ne l'intéressait (comment auraient-ils pu ne pas le penser puisqu'il avait parcouru l'immensité des mers pour y revenir ?), ils lui serinaient ce qui s'était passé pendant son absence, avides de répondre à toutes ses questions. Rien ne l'ennuyait plus que cela. Il n'attendait qu'une seule chose: qu'ils lui disent enfin: Raconte ! Et c'est le seul mot qu'ils ne lui dirent jamais.
Pendant vingt ans il n'avait pensé qu'à son retour. Mais une fois rentré, il comprit, étonné, que sa vie, l'essence même de sa vie, son centre, son trésor, se trouvait hors d'Ithaque, dans les vingt ans de son errance. Et ce trésor, il l'avait perdu et n'aurait pu le retrouver qu'en racontant.
Après avoir quitté Calypso, pendant son voyage de retour, il avait fait naufrage en Phéacie où le roi l'avait accueilli à sa cour. Là, il était un étranger, un inconnu mystérieux. A un inconnu on demande: «Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Raconte !» Et il avait raconté. Pendant quatre longs chants de l'Odyssée, il avait retracé en détail ses aventures devant les Phéaciens ébahis. Mais à Ithaque, il n'était pas un étranger, il était l'un des leurs et c'est pourquoi l'idée ne venait à personne de lui dire: «Raconte !»
Ouf !… Ce n'est pas que je tienne absolument à parler de météo, mais la fraîcheur retrouvée et la pluie d'aujourd'hui n'ont pas été un luxe, après un juin caniculaire (le plus chaud depuis qu'existent les statistiques, soit depuis plus d'un siècle). Peut-être que ça me redonnera envie de poster… bien que j'aie l'esprit ailleurs, ces temps-ci.
Fait trop chaud. Suis en panne… et encore dans les étoiles.
Un petit post juste pour dire que je sors d'une exceptionnelle représentation de "La veillée des abysses" de James Thiérrée (… c'est un petit fils de Charlie Chaplin… et il en a hérité la poésie, l'humour, et tout et tout !)
Si vous avez l'occasion de voir ça, courez-y !
21 juin, les jours tournent, on va contre Noël !
Pierre Desproges le disait bien mieux que ça:
Je déteste l'été. Tous les ans, c'est la même chose…
Dès les premiers vrais beaux jours, quand la nature est en fête et les oiseaux fous de joie, je regarde le ciel bleu par-dessus les grands marronniers de mon jardin, et je me dis: «Ah, ça y est, quelle horreur: dans six mois c'est l'hiver.»
Aujourd'hui, ça fait exactement 17 ans que Coluche est mort. Je sais pas vous (je m'adresse aux moins "djeunzes", là), mais moi je trouve qu'il manque un peu, par les temps qui courent…
Ça fait beaucoup marrer les gens de voir qu'on peut se moquer de la politique, alors que, dans l'ensemble, c'est surtout la politique qui se moque de nous.
Je viens de tester: les cerises manquent encore d'un tout petit peu de sucre. Il faudra donc attendre quelques jours pour grimper dans le vieil arbre et récolter ce fruit délicat. D'ici quelques jours, le week-end prochain au plus tard, ça devrait être bon !
Pourvu que les oiseaux nous en laissent un peu, ils s'en donnent à cœur joie pour le moment…
Il y a des moments où les événements à gérer se bousculent, s'entrechoquent et nous envahissent démesurément. Et quand une chaleur étouffante s'en mêle…
J'ai l'impression de tournoyer, et j'aimerais bien, comme un chat, retomber sur mes pattes. Alors, un petit coup de frais sur la terrasse, à cette heure nocturne, fera-t-il l'affaire ?
Dans le fond, la solution serait de s'enfermer dans une cave bien profonde, de verrouiller le poste de radio sur France-Culture, et de se plonger dans La critique de la raison pure de Kant, ou dans Les rêveries du promeneur solitaire si on a un peu de fantaisie…
Je vais faire plus simple. Je vais me mettre Arno chantant Le bon Dieu de Brel. En boucle…
Erreur, ils sont là. Encore un peu discrets, mais les martinets sont là. Une balade dans le calme du soir m'a permis de les voir tournoyer entre les toits, s'appelant de leurs cris stridents. Je suis rassuré…
Temps splendide, enfin ! Un merle n'en peut plus de s'égosiller, perché dans le cerisier en face de mes fenêtres.
Une chose m'étonne, néanmoins: j'ai beau tendre l'oreille, je n'entends pas encore les cris joueurs des martinets. Pas encore de retour ? Fin mai ? Pourtant, ils devraient être là…
Pas envie de bosser. J'aimerais du soleil. On dirait novembre, la température en moins. Et puis Jean Yanne est mort samedi dernier. Sale temps, vraiment…
A propos de Jean Yanne, écoutons Pierre Desproges (Fonds de tiroir):
La première fois que j'ai entendu Jean Yanne à la radio, je suis sorti de ma torpeur et me suis enfermé, seul, avec mon poste de radio. J'écoutais, subjugué, la rude voix faubourienne chargée d'iconoclastie salace et d'irrespect fondamental, de cet être affreux anarcho-nihiliste, qui singeait Bossuet, raillait les goitreux, et fustigeait dans le même panier de hargne des institutions françaises aussi sacrées que l'Evêché de Meaux, l'Académie française ou la CGT. Enfin je renaissais à la vie ! Pour moi, l'arrivée sur les ondes de ce messie diabolique annonçait les temps nouveaux d'une radio vraiment dégueulasse ! Enfin, c'était le monde à l'envers ! Enfin, on allait pouvoir prier dans les urinoirs et pisser dans les bénitiers !
Jean Yanne a plus fait pour la promotion du mauvais goût en France que Jaruzelski pour la promotion de Solidarnosc en Pologne.
Souvent (enfin… parfois), je regarde les événements de mon existence un peu comme des cartes postales sur un présentoir, un de ces tourniquets qu'on peut manipuler à son gré pour trouver LA carte à emporter pour garder le meilleur des souvenirs de l'endroit visité.
Des cartes, il en est plein, mon tourniquet. Des écornées à force de les avoir regardées, des plus secrètes, un peu cachées sous quelques autres insignifiantes, des pratiquement neuves, dont on avait oublié l'existence.
Le problème, c'est que mon tourniquet s'est bien rempli, et qu'il n'a plus des tonnes de places pour en mettre des nouvelles, de cartes.
Jeter des cartes ? Bricoler et agrandir le tourniquet ? Faudra que j'y songe…
Ciel plombé, pluie fine, fraîcheur lourdement insistante, on devrait trouver un nom à cette saison, autre que le printemps…
Heureusement: journée rédaction, aujourd'hui. Au sec, donc. En écoutant l'Orfeo de Monteverdi, ça devrait aller.
Bon, un peu moins de un sur deux, on était… 49 %, plus exactement. Pour un vote historique puisque ça faisait 137 ans (sic) qu'on avait pas eu autant d'objets au cours d'une seule consultation.
Tout ça pour voter tout bien comme le Conseil fédéral voulait qu'on vote ! Soit accepter les deux référendums, et envoyer au tapis les 7 initiatives. Quelle claque, la gauche !… Faudra que je me force, la prochaine fois… A moins qu'on monte aux barricades ?
Histoire du petit animal perdu au bord de la rivière
Connaissez-vous l'histoire du petit animal perdu au bord de la rivière ? Alors, c'est l'histoire d'un petit animal qui est au bord de la rivière, et qui pleure, qui pleure !… Arrive un crocodile, qui lui dit: «Qu'as-tu, petit animal, à pleurer comme ça, au bord de la rivière ?» Alors le petit animal se lamente: «Je suis très triste, je ne sais pas ce que je fais au monde, je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas d'où je viens, ni où je vais…»
– Mais, c'est simple, lui répond le crocodile, tu es jaune, tu as un bec et des pattes palmées, tu es un canard !
– Vous croyez ?
– Mais oui.
Alors le petit canard, tout content, se jette à l'eau et s'en va. «Oh, oh, pas si vite !, que lui fait le crocodile, et moi ? Tu sais qui je suis ?»
Alors le petit canard regarde le crocodile, réfléchit un moment, et lui dit: «Attends… tu as une veste en cuir, une grande gueule et des petits bras… t'es italien !!!»
Ce prochain week-end, le citoyen helvétique est appelé aux urnes, comme 3 ou 4 fois dans l'année. Mais ce coup-ci, il a intérêt à bien se documenter: ce ne sont pas moins de 9 objets (j'ai bien dit 9…) qui sont soumis à son vote. Deux référendums, portant sur la réforme de l'armée et de la protection civile, et 7 initiatives populaires. Je vous en donne la liste ?
Initiative "Pour des loyers loyaux"
Initiative "des dimanches" (demandant quatre dimanches sans voiture dans l'année)
Initiative "Santé" (changement du système de financement de l'assurance maladie)
Initiative "Droits égaux pour les personnes handicapées"
Initiative "Sortir du nucléaire"
Initiative "Moratoire-plus" (en gros, complément de la précédente)
Initiative "Pour des places d'apprentissage"
Tout ça contenu dans le document intitulé "Explications du Conseil fédéral", de 96 pages, envoyé à chaque électeur.
Bon, le problème est moins de savoir combien de citoyens responsables se sont envoyé l'entier de cette littérature, en plus des articles de presse, des émissions à la radio et à la télé… Mais plutôt de savoir combien vont exercer leur droit de vote… 30 % ? 35 ? Allez, il n'est pas impossible que l'initiative anti-nucléaire déplace un peu plus de monde, soyons fous et risquons 45 %. J'ose même un 55, mais seulement s'il pleut… On verra dimanche soir.
C'est Georges Steiner qui disait (souvenir d'une interview chez Pivot) que la démocratie est l'ennemie de l'excellence… A méditer.
Le dimanche est gris, étrangement calme. L'après-midi se prolonge comme si elle n'allait jamais avoir de fin, comme figée par cette petite pluie fine humectant le verger et ses arbres immobiles. Du réfectoire, quelques discrets éclats de voix, la cuiller qu'on remue dans la tasse de thé.
Dans ta chambre, la fenêtre entrouverte laisse passer le seul bruissement de l'eau dans la cour. Parfois le chuintement d'une voiture, sur le macadam détrempé.
Tu es là, recroquevillé dans ton lit, sur le côté, la tête rejetée en arrière, comme pour happer l'air qui te manque. Tes yeux déjà sans regard, tournés vers le bouquet posé à côté de ton téléphone. Et tes mains, pressées contre la poitrine, comme on retient un enfant, jointes à t'en blanchir les doigts, sans doute dans une ultime et craintive supplique.
Maman t'appelle, doucement.. «Il ne se réveillera pas», je lui dis. On t'effleure la joue, les mains. La peau frémit sous la caresse. Et on reste là, un long moment, à te regarder…
Du seuil de la porte, en me retournant, je te vois, et ne vois pas que tu meurs. On s'en va, sans savoir que tu nous attendais pour pouvoir partir.
«S'il se réveille, dites-lui qu'on est venu…», je dis à l'aide infirmière. Dans une petite heure, de retour à la maison, le téléphone sonnera pour m'annoncer ta mort.
Demain, ça fera une année que les anges sont venus te chercher. Ne reviens pas, reste là-haut, le monde déconne ici-bas.
C'est curieux, finalement, comme le blogueur ou la blogueuse standard parle assez peu de son boulot… comme si son blog était justement, entre autres, un moyen de s'en échapper. Ça doit être ça…
Actuellement, je dois avouer que j'ai, sur ce plan, d'assez belles satisfactions (je parle de travail, donc). Enfin à nouveau un peu de terrain, me permettant de ne pas passer des journées entières le cul sur une chaise à de la rédaction. Surtout avec un printemps aussi clément !
En clair: à peine terminée l'analyse archéologique du château de Curtilles, belle maison patricienne de la campagne vaudoise, de la fin du XVIe siècle, voilà que je me retrouve en pleine abbaye cistercienne de Hauterive, près de Fribourg, pour en entreprendre l'analyse du cloître, construit au XIIe siècle et transformé au XIVe…
Faut que je profite et que je déguste, c'est pas tous les jours dimanche !!!
Petit message personnel pour terminer. Picodor, si tu me lis, dis-moi comment accéder à ton blog, ça fait plusieurs jours que j'essaie, c'est l'impasse…
Bon, je "poste" pas beaucoup, ces temps… alors que je gamberge pas mal…
Je voulais m'y mettre ce soir, peinard, musique, et tout, et puis voilà que je suis happé par un documentaire saisissant, sur TSR 2: Mes frères assassins: comment j'ai infiltré une cellule d'Al-Quaïda, d'un journaliste algérien, Mohamed Sifaoui. Lequel, se faisant passer pour un fondamentaliste islamique, débusque dans les mosquées européennes, et ailleurs, les recruteurs du Jihad. On n'est pas sorti de l'auberge, là…
Comment ai-je fait pour ne pas en parler jusqu'à maintenant ?
Elle est jeune, elle est valaisanne, elle a écrit un premier roman qu'elle avait proposé à plusieurs maisons d'édition, un jour elle entend un message sur son répondeur, elle croit à une farce, c'est rien moins que Gallimard qui veut publier son manuscrit…
Elle s'appelle Noëlle Revaz, son bouquin c'est Rapport aux bêtes, c'est paru à la nrf l'année dernière.
Une écriture incroyable, forte, brute, sans fioritures, qui vous rentre dans l'estomac sans prendre de gants, ça parle de tyrannie et d'humanité.
J'aime les aphorismes, les apophtegmes, bref, ces sentences lapidaires qui, en quelques mots, vous disent souvent plus qu'une thèse en trois volumes…
Un magnifique, lu il y a quelques jours chez Anne Archet: La stupidité a un certain charme; l'ignorance, aucun.
Marre de tous ces combats au nom de la croyance…
Ai relu Cioran sur ce point, je vous le livre.
Généalogie du fanatisme
En elle-même toute idée est neutre, ou devrait l’être; mais l’homme l’anime, y projette ses flammes et ses démences; impure, transformée en croyance, elle s’insère dans le temps, prend figure d’événement: le passage de la logique à l’épilepsie est consommé… Ainsi naissent les idéologies, les doctrines et les farces sanglantes.
Idolâtres par instinct, nous convertissons en inconditionné les objets de nos songes et de nos intérêts. L’histoire n’est qu’un défilé de faux Absolus, une succession de temples élevés à des prétextes, un avilissement de l’esprit devant l’Improbable. Lors même qu’il s’éloigne de la religion, l’homme y demeure assujetti; s’épuisant à forger des simulacres de dieux, il les adopte ensuite fiévreusement: son besoin de fiction, de mythologie triomphe de l’évidence et du ridicule. Sa puissance d’adorer est responsable de tous ses crimes: celui qui aime indûment un dieu, contraint les autres à l’aimer, en attendant de les exterminer s’ils s’y refusent. Point d’intolérance, d’intransigeance idéologique ou de prosélytisme qui ne révèlent le fond bestial de l’enthousiasme. Que l’homme perde sa faculté d’indifférence: il devient assassin virtuel; qu’il transforme son idée en dieu: les conséquences en sont incalculables. On ne tue qu’au nom d’un dieu ou de ses contrefaçons: les excès suscités par la déesse Raison, par l’idée de nation, de classe ou de race sont parents de ceux de l’Inquisition ou de la Réforme. Les époques de ferveur excellent en exploits sanguinaires: sainte Thérèse ne pouvait qu’être contemporaine des autodafés, et Luther du massacre des paysans. Dans les crises mystiques, les gémissements des victimes sont parallèles aux gémissements de l’extase… Gibets, cachots, bagnes ne prospèrent qu’à l’ombre d’une foi, — de ce besoin de croire qui a infesté l’esprit pour jamais. Le diable paraît bien pâle auprès de celui qui dispose d’une vérité, de sa vérité. Nous sommes injustes à l’endroit des Nérons, des Tibères: ils n’inventèrent point le concept d’hérétique: ils ne furent que rêveurs dégénérés se divertissant aux massacres. Les vrais criminels sont ceux qui établissent une orthodoxie sur le plan religieux ou politique, qui distinguent entre le fidèle et le schismatique.
Lorsqu’on se refuse à admettre le caractère interchangeable des idées, le sang coule… Sous les résolutions fermes se dresse un poignard; les yeux enflammés présagent le meurtre. Jamais esprit hésitant, atteint d’hamlétisme, ne fut pernicieux: le principe du mal réside dans la tension de la volonté, dans l’inaptitude au quiétisme, dans la mégalomanie prométhéenne d’une race qui crève d’idéal, qui éclate sous ses convictions et qui, pour s’être complue à bafouer le doute et la paresse, — vices plus nobles que toutes ses vertus — s’est engagée dans une voie de perdition, dans l’histoire, dans ce mélange indécent de banalité et d’apocalypse… Les certitudes y abondent: supprimez-les, supprimez surtout leurs conséquences: vous reconstituez le paradis. Qu’est-ce que la Chute sinon la poursuite d’une vérité et l’assurance de l’avoir trouvée, la passion pour un dogme, l’établissement dans un dogme ? Le fanatisme en résulte — tare capitale qui donne à l’homme le goût de l’efficacité, de la prophétie, de la terreur, — lèpre lyrique par laquelle il contamine les âmes, les soumet, les broie ou les exalte… N’y échappent que les sceptiques (ou les fainéants et les esthètes), parce qu’ils ne proposent rien, parce que — vrais bienfaiteurs de l’humanité — ils en détruisent les partis pris et en analysent le délire. Je me sens plus en sûreté auprès d’un Pyrrhon que d’un saint Paul, pour la raison qu’une sagesse à boutades est plus douce qu’une sainteté déchaînée. Dans un esprit ardent on retrouve la bête de proie déguisée; on ne saurait trop se défendre des griffes d’un prophète… Que s’il élève la voix, fût-ce au nom du ciel, de la cité ou d’autres prétextes, éloignez-vous-en: satyre de votre solitude, il ne vous pardonne pas de vivre en deçà de ses vérités et de ses emportements; son hystérie, son bien, il veut vous le faire partager, vous l’imposer et vous défigurer. Un être possédé par une croyance et qui ne chercherait pas à la communiquer aux autres, — est un phénomène étranger à la terre, où l’obsession du salut rend la vie irrespirable. Regardez autour de vous: partout des larves qui prêchent; chaque institution traduit une mission; les mairies ont leur absolu comme les temples; l’administration, avec ses règlements, — métaphysique à l’usage des singes… Tous s’efforcent de remédier à la vie de tous: les mendiants, les incurables même y aspirent: les trottoirs du monde et les hôpitaux débordent de réformateurs. L’envie de devenir source d’événements agit sur chacun comme un désordre mental ou comme une malédiction voulue. La société, — un enfer de sauveurs ! Ce qu’y cherchait Diogène avec sa lanterne, c’était un indifferent…
Il me suffit d’entendre quelqu’un parler sincèrement d’idéal, d’avenir, de philosophie, de l’entendre dire «nous» avec une inflexion d’assurance, d’invoquer les «autres», et de s’en estimer l’interprète, — pour que je le considère mon ennemi. J’y vois un tyran manqué, un bourreau approximatif, aussi haïssable que les tyrans, que les bourreaux de grande classe. C’est que toute foi exerce une forme de terreur, d’autant plus effroyable que les «purs» en sont les agents. On se méfie des finauds, des fripons, des farceurs; pourtant on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l’histoire; ne croyant en rien, ils ne fouillent pas vos cœurs, ni vos arrière-pensées; ils vous abandonnent à votre nonchalance, à votre désespoir ou à votre inutilité; l’humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu’elle connut: ce sont eux qui sauvent les peuples que les fanatiques torturent et que les «idéalistes» ruinent. Sans doctrine, ils n’ont que des caprices et des intérêts, des vices accommodants, mille fois plus supportables que les ravages provoqués par le despotisme à principes; car tous les maux de la vie viennent d’une «conception de la vie». Un homme politique accompli devrait approfondir les sophistes anciens et prendre des leçons de chant; — et de corruption…
Le fanatique, lui, est incorruptible: si pour une idée il tue, il peut tout aussi bien se faire tuer pour elle; dans les deux cas, tyran ou martyr, c’est un monstre. Point d’êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance: les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête. Loin de diminuer l’appétit de puissance, la souffrance l’exaspère; aussi l’esprit se sent-il plus à l’aise dans la société d’un fanfaron que dans celle d’un martyr; et rien ne lui répugne tant que ce spectacle où l’on meurt pour une idée… Excédé du sublime et du carnage, il rêve d’un ennui de province à l’échelle de l’univers, dans l’histoire dont la stagnation serait telle que le doute s’y dessinerait comme un événement et l’espoir comme une calamité…
Extrait de “Précis de décomposition”, de E. M. Cioran, 1949
Me suis replongé dans des vieux Ferré: Nous deux, Les temps difficiles, Vingt ans, Les poètes, Paname et j'en passe.
J'aurais pas dû…
Nom d'un chien ce que ça peut me foutre le bourdon. Mais ce que ça peut faire de bien aussi…
Dans le fond, c'est vrai, ça… Pourquoi être anti-américain primaire, alors qu'avec quelques études, on pourrait faire un excellent anti-américain secondaire ?…
(Piqué à La Soupe est pleine, qui est – un peu – à la radio ce que les Guignols de l'info sont à la télé. En toute modestie helvétique, évidemment.)
Entendu à la radio romande ce matin: "Deux nouvelles, une bonne, une mauvaise. La bonne: les américains ont l'Irak. La mauvaise: les américains ont l'Irak."
Ainsi, on nous avait fait croire, une fois de plus, que la guerre pouvait être "propre". Les innombrables cadavres de civils, hommes, femmes et enfants, raidis le long des routes ou aux abords des maisons. et qu'on enterre à la hâte sur les trottoirs, en témoignent.
On nous avait dit que l'après-guerre allait être maîtrisé. On assiste en fait à un pillage généralisé, des commerçants doivent s'armer et tirer contre leurs concitoyens pour préserver leur maigre marchandise, sous les yeux complaisants des forces d'occupation.
L'Irak, berceau culturel de nos civilisations, lieu où fut inventée l'écriture, voir son patrimoine en passe d'être démantelé. On pille et vole les collections du musée de Bagdad, on brûle les bibliothèques.
Souvenez-vous: au soir du 11 septembre 2001, nombreux étaient ceux qui, penseurs, philosophes et intellectuels de tous poils, s'accordaient pour dire que plus rien ne serait comme avant. Qu'il y avait un monde avant le 11.09, et qu'il y aurait un monde après. Un sentiment où prenait aussi jour, chez la majorité des anonymes, le souci, l'envie, le besoin d'une plus grande solidarité à l'échelle planétaire. Sauf chez ceux qui trouvaient dans un acte d'une telle monstruosité plus qu'une explication, une justification.
Mais c'est une gigantesque fracture qui s'est ouverte. L'Empire du Bien s'est mis en place, détenteur de la seule et divine vérité… Alea jacta est.
"On vit une époque formidable", comme disait Reiser…
Ce gigantesque silence que nous cherchons désespérément à remplir de nos tumultes, de nos éructations, de nos murmures ou de nos rires, de nos ovations ou de nos huées, parce que nous avons si peur du vide…
Une chose est sûre: mon "assiduité" de bloggueur peine à trouver un second souffle. Le chaud du printemps (quoique, ces derniers trois ou quatre jours…), la perte d'un ami, la guerre au loin, tout ça…
Et par dessus le marché, méchant coup de blues… Annonce ce matin d'un nouveau décès parmi mes connaissances. "Attendu", celui-là, depuis de longues semaines, mais quand même…
La vie n'est pas gaie, ces temps. Je vais me terrer dans ma tanière.
Une petite citation de Cioran, pour qu'il ne soit pas dit que je laisse ce blog en eaux stagnantes…
"On ne peut savoir si l'homme se servira longtemps encore de la parole ou s'il recouvrera petit à petit l'usage du hurlement" (dans Syllogismes de l'amertume)
Lundi.
Neuchâtel plonge sur son lac.
Une brume légère voile, au lointain, le Mont Vully. Il fait doux.
La pierre jaune de la collégiale, dans la lumière tiède d'un premier printemps.
La foule, sombre et atterrée.
La voix magique de Natacha, sous les voûtes accrochant le soleil.
Ils sont tous là pour toi.
Que dire ? Sinon merci, pour avoir eu le privilège d'être ton ami.
(Fasse le ciel que ton œuvre, géniale et généreuse, se poursuive. Tu en étais l'âme… auront-ils le génie suffisant pour la faire vivre ?)
Bon Dieu, pourquoi, sous Netscape, ce foutu blog me balance tout d'un coup tous mes "posts" en italique ?!…
Alors que ça fonctionne normal avec Explorer… (quoique, avec Explorer, les commentaires… bonjour l'approximation !…)
Et pourquoi, moi, je m'attarde sur de telles futilités ?!… Quel con…
Le hasard, à la fois de mes lectures et de mes égarements sur le web, me fait découvrir l'art du haïku. On apprend à tout âge…
Voici la définition qui en est donnée dans Neige, de Maxence Fermine (Paris, Arléa, 1999):
"Le haïku est un genre littéraire japonais. Il s'agit d'un court poème composé de trois vers et de dix-sept syllabes. Pas une de plus." Et probablement pas une de moins…
Certains puristes vont même jusqu'à dire qu'il s'agit de trois vers blancs (sic), deux pentasyllabes entourant un heptasyllabe. Dont acte.
L'eau entre la mousse Sous la brume les étoiles Tout n'est pas perdu
Une pleine lune, ronde, claire, inonde de lumière bleue le bois de Chavannes, face à ma fenêtre.
Je viens d'apprendre la mort d'un ami cher. Je pleure.
Dans quatre jours, c'est le printemps. Le grand retour. Les terrasses ensoleillées pour les uns, les bombes meurtrières pour les autres.
C'est aussi les sorties dans la nature, douce et accueillante, les pique-niques sur l'herbe tendre, youkaïdi, youkaïda.
Y en a un grand qui se prépare, de pique-nique: c'est celui du G8. Dans le climat actuel, c'est sûr qu'il y aura de l'ambiance. Il aura lieu début juin prochain, la France l'organise à Evian. Ah, Evian ! Son casino, ses quais, son bord de lac, ses filets de perches, sa vue imprenable sur la rive romande, juste en face !…
Bon, je m'énerve pas, là, j'explique. Finalement, le choix d'Evian, c'est assez bien joué… ça permet de se décharger d'une bonne partie de la sécurité sur son voisin d'en face. D'autant qu'en marge de ce sommet, Jacques Chirac a eu la bonne idée d'inviter une vingtaine de chefs d'Etat africains dont les délégations seront logées au Lausanne-Palace et à l'Hôtel de la Paix (sic). De ce fait, tout le centre-ville de Lausanne sera bouclé pendant quatre jours, prenant des airs de Place-Rouge au plus fort de la guerre froide.
Bon, je commence à m'énerver, là. Vaut mieux laisser la place à l'éditorial de Jacques Poget paru dans 24 Heures samedi dernier:
Allez donc faire ça plus loin!
"Est-ce la contagion de la guerre d'Irak ou le terrorisme a-t-il infecté les têtes ? L'Etat français déploiera, en juin autour d'Evian, un arsenal dément. Batteries de missiles Croate à Cointrin, hélicoptères de combat au ras du Léman, plus haut des Mirage 2000 tournant en permanence, et même un AWACS pour couronner le tout.
Sur terre, c'est pareil. Paris exige de la Suisse rien moins que la sécurité totale pour les délégations hébergées outre-France. Recommandation pressante: fermer totalement le centre-ville de Lausanne, etc.
Habitués à des conseillers fédéraux qui font leur jogging et leur shopping sans détachement armé, Vaudois et Genevois découvrent une conception féodale du respect du prince. Sous la pression du délire sécuritaire des Français et de la vision militaire des responsables fédéraux, les autorités cantonales et communales doivent accepter que la vie quotidienne soit pétrifiée – exception faite pour les hélicos des fortunés habitués du Grand Prix de Monaco. Les autres attendront, sans bouger. Subiront les avions de guerre, jour et nuit. Et d'autres menus inconvénients.
Tout cela parce que, vu de Paris, Evian a l'air d'un coin tranquille. Dominique de Villepin a, certes, chanté l'éloge de la Suisse en parrainant son entrée aux Nations Unies, Micheline Calmy-Rey et Pascal Couchepin ont, certes, vécu une lune de miel parisienne le mois dernier, la suffisance de la France officielle vis-à-vis de la piétaille n'a pas changé.
La prochaine fois, que les Huit se rencontrent sur le Charles-de-Gaule au milieu de l'Atlantique. Ou, mieux et beaucoup moins cher, pourquoi pas une bonne visio-conférence ? Puisque l'organisation de ce raout amical semble repousser les limites de la normalité, il est temps d'opter franchement pour le virtuel. Tellement moins nocif que le réel."
Depuis le temps que Dabeliou et son big band trépignent d'aller bouter Satan hors de chez lui ! C'est qu'ils finiront bien par y aller. Quant à la suite… Un petit bouquin vient de sortir chez Albin Michel, qui s'intitule tout simplement Paroles de paix (mon post d'hier y faisait déjà référence). Petit florilège:
Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis (André Gide) Personne n'est assez fou pour préférer la guerre à la paix: dans la paix, les fils ensevelissent leurs pères; dans la guerre, les pères ensevelissent leurs fils (Hérodote) L'humanité est maudite si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement (Jean Jaurès) Et j'ai gardé le meilleur pour la fin: Quelles armes utiliseront les hommes au cours de la troisième guerre mondiale ? Je l'ignore, mais je sais celles qu'ils utiliseront pour la quatrième: les massues (Einstein) Bonne nuit à tous…
– Ouh là, qu'est-ce donc ? Déjà six jours sans "poster" ?… Diable, cher Vertumne, vous vous laissez aller ! – Mais que nenni, ami, j'étais très occupé Au cinquantième de ma douce organiser L'air est si doux, ce jour, que je vais hésiter A me répandre ici. Nous attendrons demain… (Ah, là, ça rime plus, dommage…)
Y avait comme un goût de printemps, aujourd'hui. Vous avez pas trouvé ? Dans le fond, dans trois semaines, on y est, non ? Tiens, je ne résiste pas au plaisir de citer le grand Pierre Desproges, à propos du printemps justement:
Au printemps, la nature change de peau. Les verdoissiers marronnent, les marronniers verdoient, le chat-huant hue, le paon puant pue, le matou mutant mue, Bernard-Henri Lévy refait sa mise en plis. Dans la rue, les femmes vont le buste haut, claquant le bitume d'un talon conquérant. Les manteaux qui cachaient les formes ont fait place aux jupettes qui montrent les candeurs de l'arrière-genou. Cette année, la culotte se porte sous la robe, et non plus dans le sac à main comme l'an passé. C'est une victoire de l'Eglise et du sida réunis. Et pourtant, le temps est à l'amour, les effluves érotiques sont dans l'air qui sent le mur chaud et la sève des sous-bois. Dans les allées cavalières de la forêt de Chambord, les amants au crépuscule sont en feu. Sous l'oeil allumé de l'écureuil astiquant ses noisettes, le merle et la merlette vont au plume et le cerf jour la biche.
Extrait de Fonds de tiroir paru au Seuil en 1990. Bonne nuit en attendant…
Il fait trop beau, on aurait tort de ne pas en profiter… Donc, quelques jours en montagne, faire un peu de ski. On part, là. Pas le temps d'allonger… Je vous retrouve à mon retour.
Et si nous nous permettions une petite digression culinaire ? Dans notre série Les recettes qui ont fait mon succès, je vais condescendre ce soir même à lancer au monde ébahi celle de l'omelette aux pommes ! Rien de plus simple qu'une omelette, me direz-vous. C'est possible… Mais celle-ci est aux pommes, et en plus elle est flambée !
La pâte, tout d'abord: 100 gr. de farine, 1 pincée de sel, une petite cuillère à soupe de sucre et 2 dl. d'un mélange de lait et d'eau (on peut remplacer l'eau par de la bière, c'est encore mieux), que l'on délaye dans une terrine. Après quoi, on ajoute 2 oeufs en fouettant vigoureusement la pâte.
– Je vous arrête, Madame Bonzon… C'est une pâte à crêpes, ça !…
– C'est possible, Madame Boujut, mais je préfère dire "omelette aux pommes", que "crêpe aux pommes". Essayez…
J'allais oublier: ne pas terminer sans une "tombée" de crème et une petite "giclée" de Grand-Marnier. Ah, mais…
Important: préparer la pâte au moins une douzaine d'heures avant de l'utiliser. Mieux: un petit séjour au congélateur la rendra encore meilleure.
Pour préparer une omelette, maintenant: coupez des petits morceaux de pomme (une pomme douce, pas acide), passez-les à la poêle dans un peu de graisse. Lorsqu'ils deviennent fondants, ajoutez un peu de pâte de façon à les enrober entièrement. Sucrez légèrement la surface. Lorsque vous le jugez bon, retournez votre omelette, sucrez à nouveau. Une fois l'omelette prête à servir, arrosez-la de Grand-Marnier, et flambez !
(Bon, faut que je mange quelque chose, moi maintenant…)
Et puisque c'est la Saint-Valentin, cette petite citation d'Albert Cohen (extraite de Belle du Seigneur): "Juliette aurait-elle aimé Roméo si Roméo avait eu quatre incisives manquantes, un grand trou noir au milieu ?"
"Pour moi, la musique c'est une larme, et un sourire…" J'ai entendu ça au cours d'un interview d'Arno.
Vous savez ?!… Arno… le magnifique chanteur bègue et belge, qui réinvente la tendresse au détour de chaque couplet… (Pas le pseudonyme vaguement entrevu sur Skyblog…)
Il est un peu plus de minuit, ma corbeille à papier déborde de Kleenex, j'écoute la Symphonie n° 3 de Gorecki, j'ai passé une ou deux heures à fureter de blogs en blogs, ne m'y suis pas vraiment arrêté…
C'était notre rubrique Je m'emmerde, je vais me coucher.
Vu samedi l'exposition en cours du Men (Musée d'ethnographie de Neuchâtel), intitulée Le musée cannibale. Comment ai-je fait pour attendre si longtemps ? D'autant que je le savais: les précédentes étaient déjà si intéressantes… Il ne vous reste qu'un tout petit mois (jusqu'au 2 mars), alors courez-y ! (…enfin, ceux qui peuvent…).
Consacrée au désir de se nourrir des autres qui a présidé à la création et au développement des musées, d'ethnographie notamment, l'exposition est somptueuse, drôle, intelligente, surprenante. La phrase-clé, qui à elle seule peut résumer le tout: Du fait du poids des collections, de leurs exigences concrètes et de leur tendance à s'autojustifier, tout conservateur peut légitimement se demander si ce ne sont pas les objets dont il s'occupe qui le conservent plutôt que l'inverse. Qu'on se le dise !
On annonçait la neige depuis une bonne semaine, elle est (enfin !) tombée la nuit passée, un peu plus péniblement pendant l'après-midi, et le froid est revenu. Du coup, le merle qui, il y a trois ou quatre jours, s'était mis à exercer ses cordes vocales, matin et soir, au sommet du vieux cerisier en face de mes fenêtres, est retourné à ses chères études. Le printemps attendra encore un peu…
Bon, comme c'était difficile aujourd'hui de gambader sur Internet vu le ralentissement général, j'en ai profité pour faire un peu d'ordre dans une série de paperasses qui attendaient des jours meilleurs. Et je suis tombé sur une note transcrivant l'extrait d'une chronique parue il y a quelques semaines (de Christophe Gallaz, dans Le Matin, sauf erreur…), disant: Le temps que nous vivons aujourd'hui n'est traversé d'aucune lumière. Nous sommes en phase de régression massive. Nous puisons dans l'obscurantisme et l'obscurité barbares, au milieu des incantations les plus primaires et des agenouillements les plus crétins. Bon, ben voilà…
"Le jour de la mort de Coluche, j'ai eu beaucoup de peine. Alors que – je ne sais pas pourquoi – le jour de la mort de Dalida, j'ai repris deux fois des nouilles." Ça, c'est Pierre Desproges qui disait. Je l'aimais beaucoup, il est mort voilà bientôt 15 ans, et il manque, il manque, surtout par les temps qui courent…
Dans notre série Grisons-nous en attendant l'orage…
Imaginez, il y a 50'000 ans, peu avant la dernière glaciation, un des derniers Neandertal ou un des premiers Cro-Magnon décidant volontairement de laisser un message à ses très très lointains descendants distants de 500 siècles. Ceci en admettant qu'une telle durée ait un sens quelconque à ses yeux…
Et bien c'est exactement ce que se propose de faire un projet envoûtant et vertigineux, développé depuis quelques années: le projet KEO. Envoyer en orbite autour de notre planète un satellite passif, emportant à son bord une multitude de messages comme autant de bouteilles à la mer, et destiné à retomber sur terre dans quelque chose comme 50 millénaires. Quand science et poésie s'unissent à ce point !
Dans notre série La longue marche vers l'inégalité s'accélère… Ainsi donc, la nouvelle est tombée hier: Daniel Vasela, grand patron de Novartis, a reçu en 2002 un salaire de 55'000 francs suisses par jour (sic !) (en gros 36'000 €, pour nos amis européens), ce qui correspond à un salaire annuel de 20 mio (env. 13 mio €).
Pour concrétiser un peu, et pour comparer, imaginons que pour engranger ce que ce monsieur a obtenu en une année, une caissière de supermarché devrait travailler un demi-millénaire !!! Alors, camarades, la révolution serait-elle en marche, ou va-t-on rester quelques temps encore derrière notre écran d'ordinateur ?…
Il y a le fond et il y a la forme. Pour le moment, c'est plutôt cette dernière qui me préoccupe, ça prend du temps, et je n'en ai pas beaucoup à disposition, ces jours.
Donc, la forme. Me familiariser avec les petites subtilités, approfondir l'aide en ligne…
Mais pourquoi je vous dis ça ?
Bon, le mieux est l'ennemi du bien. Pour le moment, je vais me contenter de ce blog dans l'apparence qui est la sienne aujourd'hui. Sans doute y ajouterai-je quelques menues subtilités lorsque j'aurai apprivoisé une portion suffisante de cet immense bazar qu'est la publication Web.
A part ça, jouissons de la lumière que distille le soleil de cette fin d'après-midi sur les toits encore partiellement enneigés, en écoutant la douce Angélique Ionatos (j'en reparlerai certainement…)