Une petite citation de Cioran, pour qu'il ne soit pas dit que je laisse ce blog en eaux stagnantes…
"On ne peut savoir si l'homme se servira longtemps encore de la parole ou s'il recouvrera petit à petit l'usage du hurlement" (dans Syllogismes de l'amertume)
Lundi.
Neuchâtel plonge sur son lac.
Une brume légère voile, au lointain, le Mont Vully. Il fait doux.
La pierre jaune de la collégiale, dans la lumière tiède d'un premier printemps.
La foule, sombre et atterrée.
La voix magique de Natacha, sous les voûtes accrochant le soleil.
Ils sont tous là pour toi.
Que dire ? Sinon merci, pour avoir eu le privilège d'être ton ami.
(Fasse le ciel que ton œuvre, géniale et généreuse, se poursuive. Tu en étais l'âme… auront-ils le génie suffisant pour la faire vivre ?)
Bon Dieu, pourquoi, sous Netscape, ce foutu blog me balance tout d'un coup tous mes "posts" en italique ?!…
Alors que ça fonctionne normal avec Explorer… (quoique, avec Explorer, les commentaires… bonjour l'approximation !…)
Et pourquoi, moi, je m'attarde sur de telles futilités ?!… Quel con…
Le hasard, à la fois de mes lectures et de mes égarements sur le web, me fait découvrir l'art du haïku. On apprend à tout âge…
Voici la définition qui en est donnée dans Neige, de Maxence Fermine (Paris, Arléa, 1999):
"Le haïku est un genre littéraire japonais. Il s'agit d'un court poème composé de trois vers et de dix-sept syllabes. Pas une de plus." Et probablement pas une de moins…
Certains puristes vont même jusqu'à dire qu'il s'agit de trois vers blancs (sic), deux pentasyllabes entourant un heptasyllabe. Dont acte.
L'eau entre la mousse Sous la brume les étoiles Tout n'est pas perdu
Une pleine lune, ronde, claire, inonde de lumière bleue le bois de Chavannes, face à ma fenêtre.
Je viens d'apprendre la mort d'un ami cher. Je pleure.
Dans quatre jours, c'est le printemps. Le grand retour. Les terrasses ensoleillées pour les uns, les bombes meurtrières pour les autres.
C'est aussi les sorties dans la nature, douce et accueillante, les pique-niques sur l'herbe tendre, youkaïdi, youkaïda.
Y en a un grand qui se prépare, de pique-nique: c'est celui du G8. Dans le climat actuel, c'est sûr qu'il y aura de l'ambiance. Il aura lieu début juin prochain, la France l'organise à Evian. Ah, Evian ! Son casino, ses quais, son bord de lac, ses filets de perches, sa vue imprenable sur la rive romande, juste en face !…
Bon, je m'énerve pas, là, j'explique. Finalement, le choix d'Evian, c'est assez bien joué… ça permet de se décharger d'une bonne partie de la sécurité sur son voisin d'en face. D'autant qu'en marge de ce sommet, Jacques Chirac a eu la bonne idée d'inviter une vingtaine de chefs d'Etat africains dont les délégations seront logées au Lausanne-Palace et à l'Hôtel de la Paix (sic). De ce fait, tout le centre-ville de Lausanne sera bouclé pendant quatre jours, prenant des airs de Place-Rouge au plus fort de la guerre froide.
Bon, je commence à m'énerver, là. Vaut mieux laisser la place à l'éditorial de Jacques Poget paru dans 24 Heures samedi dernier:
Allez donc faire ça plus loin!
"Est-ce la contagion de la guerre d'Irak ou le terrorisme a-t-il infecté les têtes ? L'Etat français déploiera, en juin autour d'Evian, un arsenal dément. Batteries de missiles Croate à Cointrin, hélicoptères de combat au ras du Léman, plus haut des Mirage 2000 tournant en permanence, et même un AWACS pour couronner le tout.
Sur terre, c'est pareil. Paris exige de la Suisse rien moins que la sécurité totale pour les délégations hébergées outre-France. Recommandation pressante: fermer totalement le centre-ville de Lausanne, etc.
Habitués à des conseillers fédéraux qui font leur jogging et leur shopping sans détachement armé, Vaudois et Genevois découvrent une conception féodale du respect du prince. Sous la pression du délire sécuritaire des Français et de la vision militaire des responsables fédéraux, les autorités cantonales et communales doivent accepter que la vie quotidienne soit pétrifiée – exception faite pour les hélicos des fortunés habitués du Grand Prix de Monaco. Les autres attendront, sans bouger. Subiront les avions de guerre, jour et nuit. Et d'autres menus inconvénients.
Tout cela parce que, vu de Paris, Evian a l'air d'un coin tranquille. Dominique de Villepin a, certes, chanté l'éloge de la Suisse en parrainant son entrée aux Nations Unies, Micheline Calmy-Rey et Pascal Couchepin ont, certes, vécu une lune de miel parisienne le mois dernier, la suffisance de la France officielle vis-à-vis de la piétaille n'a pas changé.
La prochaine fois, que les Huit se rencontrent sur le Charles-de-Gaule au milieu de l'Atlantique. Ou, mieux et beaucoup moins cher, pourquoi pas une bonne visio-conférence ? Puisque l'organisation de ce raout amical semble repousser les limites de la normalité, il est temps d'opter franchement pour le virtuel. Tellement moins nocif que le réel."
Depuis le temps que Dabeliou et son big band trépignent d'aller bouter Satan hors de chez lui ! C'est qu'ils finiront bien par y aller. Quant à la suite… Un petit bouquin vient de sortir chez Albin Michel, qui s'intitule tout simplement Paroles de paix (mon post d'hier y faisait déjà référence). Petit florilège:
Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis (André Gide) Personne n'est assez fou pour préférer la guerre à la paix: dans la paix, les fils ensevelissent leurs pères; dans la guerre, les pères ensevelissent leurs fils (Hérodote) L'humanité est maudite si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement (Jean Jaurès) Et j'ai gardé le meilleur pour la fin: Quelles armes utiliseront les hommes au cours de la troisième guerre mondiale ? Je l'ignore, mais je sais celles qu'ils utiliseront pour la quatrième: les massues (Einstein) Bonne nuit à tous…
– Ouh là, qu'est-ce donc ? Déjà six jours sans "poster" ?… Diable, cher Vertumne, vous vous laissez aller ! – Mais que nenni, ami, j'étais très occupé Au cinquantième de ma douce organiser L'air est si doux, ce jour, que je vais hésiter A me répandre ici. Nous attendrons demain… (Ah, là, ça rime plus, dommage…)