Imaginez: le soleil est là, à peine voilé, il y a dans l'air, malgré la fraîcheur, une douceur latente et une vibration nouvelle, quelques oiseaux s'essaient timidement dans le jardin. Et, par la fenêtre ouverte, mon lecteur CD dispense à tout le voisinage le concert magistral du quartet de Thelonious Monk à Carnegie Hall, en 1957, que Blue Note a eu la géniale idée de rééditer !
Avant Noël, je me suis fait plaisir: je me suis offert les deux volumes des romans de cet immense écrivain qu'est Charles Ferdinand Ramuz, lequel a eu l'honneur d'entrer dans la Pléiade l'automne dernier. D'ailleurs, il y a quelques jours, j'ai été ravi d'apprendre que les 10'000 tirages étaient déjà épuisés, et que Gallimard allait en réimprimer 4000… Comment comprendre qu'il ait raté le Goncourt de 1907, au profit d'un certain Emile Moselly ? (Il est à la Pléiade, Moselly ?) Pas de bol: proposé pour le Nobel en 1945, il doit céder le pas devant la poétesse chilienne Gabriela Mistral. Espérons que cette gloire posthume du chef de file des écrivains romands en fasse découvrir d'autres, fort nombreux et de grand talent.
Il y a trois jours, ces Alarmes fêtaient leur troisième anniversaire. Alors, pour marquer le coup, et pour faire mon intéressant, j'ai ajouté ces quelques rubriques sur mes lectures, là, à gauche.
Rappelez-vous: en automne dernier, un violent séisme touchait le Cachemire, faisant 80'000 victimes et plusieurs centaines de milliers de sans-abri. Aujourd'hui, ces gens font du camping (disons qu'ils vivent dans des tentes de fortune), la pluie, le froid et la neige descendent de l'Himalaya, les tentes ne résistent pas aux chutes de neige, ils doivent donc parfois dormir dehors, beaucoup tombent malades, et parmi eux surtout les enfants, trois mois après la catastrophe il y a encore des corps pris sous les gravats… J'espère qu'il y en a au moins qui ont pensé à leur souhaiter une bonne année 2006 !
Je sors peu à peu d'hibernation… je vais m'ébrouer, sortir de ma caverne, et je suis à vous. Même qu'on sait déjà que le monde va continuer à s'épuiser, on se souhaite la bonne année malgré tout ?