Y avait comme un goût de printemps, aujourd'hui. Vous avez pas trouvé ? Dans le fond, dans trois semaines, on y est, non ? Tiens, je ne résiste pas au plaisir de citer le grand Pierre Desproges, à propos du printemps justement:
Au printemps, la nature change de peau. Les verdoissiers marronnent, les marronniers verdoient, le chat-huant hue, le paon puant pue, le matou mutant mue, Bernard-Henri Lévy refait sa mise en plis. Dans la rue, les femmes vont le buste haut, claquant le bitume d'un talon conquérant. Les manteaux qui cachaient les formes ont fait place aux jupettes qui montrent les candeurs de l'arrière-genou. Cette année, la culotte se porte sous la robe, et non plus dans le sac à main comme l'an passé. C'est une victoire de l'Eglise et du sida réunis. Et pourtant, le temps est à l'amour, les effluves érotiques sont dans l'air qui sent le mur chaud et la sève des sous-bois. Dans les allées cavalières de la forêt de Chambord, les amants au crépuscule sont en feu. Sous l'oeil allumé de l'écureuil astiquant ses noisettes, le merle et la merlette vont au plume et le cerf jour la biche.
Extrait de Fonds de tiroir paru au Seuil en 1990. Bonne nuit en attendant…
Il fait trop beau, on aurait tort de ne pas en profiter… Donc, quelques jours en montagne, faire un peu de ski. On part, là. Pas le temps d'allonger… Je vous retrouve à mon retour.
Et si nous nous permettions une petite digression culinaire ? Dans notre série Les recettes qui ont fait mon succès, je vais condescendre ce soir même à lancer au monde ébahi celle de l'omelette aux pommes ! Rien de plus simple qu'une omelette, me direz-vous. C'est possible… Mais celle-ci est aux pommes, et en plus elle est flambée !
La pâte, tout d'abord: 100 gr. de farine, 1 pincée de sel, une petite cuillère à soupe de sucre et 2 dl. d'un mélange de lait et d'eau (on peut remplacer l'eau par de la bière, c'est encore mieux), que l'on délaye dans une terrine. Après quoi, on ajoute 2 oeufs en fouettant vigoureusement la pâte.
– Je vous arrête, Madame Bonzon… C'est une pâte à crêpes, ça !…
– C'est possible, Madame Boujut, mais je préfère dire "omelette aux pommes", que "crêpe aux pommes". Essayez…
J'allais oublier: ne pas terminer sans une "tombée" de crème et une petite "giclée" de Grand-Marnier. Ah, mais…
Important: préparer la pâte au moins une douzaine d'heures avant de l'utiliser. Mieux: un petit séjour au congélateur la rendra encore meilleure.
Pour préparer une omelette, maintenant: coupez des petits morceaux de pomme (une pomme douce, pas acide), passez-les à la poêle dans un peu de graisse. Lorsqu'ils deviennent fondants, ajoutez un peu de pâte de façon à les enrober entièrement. Sucrez légèrement la surface. Lorsque vous le jugez bon, retournez votre omelette, sucrez à nouveau. Une fois l'omelette prête à servir, arrosez-la de Grand-Marnier, et flambez !
(Bon, faut que je mange quelque chose, moi maintenant…)
Et puisque c'est la Saint-Valentin, cette petite citation d'Albert Cohen (extraite de Belle du Seigneur): "Juliette aurait-elle aimé Roméo si Roméo avait eu quatre incisives manquantes, un grand trou noir au milieu ?"
"Pour moi, la musique c'est une larme, et un sourire…" J'ai entendu ça au cours d'un interview d'Arno.
Vous savez ?!… Arno… le magnifique chanteur bègue et belge, qui réinvente la tendresse au détour de chaque couplet… (Pas le pseudonyme vaguement entrevu sur Skyblog…)
Il est un peu plus de minuit, ma corbeille à papier déborde de Kleenex, j'écoute la Symphonie n° 3 de Gorecki, j'ai passé une ou deux heures à fureter de blogs en blogs, ne m'y suis pas vraiment arrêté…
C'était notre rubrique Je m'emmerde, je vais me coucher.
Vu samedi l'exposition en cours du Men (Musée d'ethnographie de Neuchâtel), intitulée Le musée cannibale. Comment ai-je fait pour attendre si longtemps ? D'autant que je le savais: les précédentes étaient déjà si intéressantes… Il ne vous reste qu'un tout petit mois (jusqu'au 2 mars), alors courez-y ! (…enfin, ceux qui peuvent…).
Consacrée au désir de se nourrir des autres qui a présidé à la création et au développement des musées, d'ethnographie notamment, l'exposition est somptueuse, drôle, intelligente, surprenante. La phrase-clé, qui à elle seule peut résumer le tout: Du fait du poids des collections, de leurs exigences concrètes et de leur tendance à s'autojustifier, tout conservateur peut légitimement se demander si ce ne sont pas les objets dont il s'occupe qui le conservent plutôt que l'inverse. Qu'on se le dise !