J'ai tellement laissé aller ce blog, ces dernières semaines… mes excuses aux (rares) visiteurs qui y font amicalement un détour.
Faut dire que j'avais l'esprit ailleurs. Pas seulement l'esprit, en fait. Toute mon attention et la plus grande partie de mon temps (à côté du boulot, fallait en garder un peu pour lui aussi) étaient occupées par le spectacle "Le Barbier de la Corde" qui a fait en ce début d'été l'actualité de la région, et auquel je participais activement. Une année et demi de préparation et de répétitions, pour un petit mois de représentations, qui se sont achevées triomphalement samedi dernier. Le tout accompagné d'une météo bénie des dieux, inespérée sous nos latitudes. C'est brusque, mais il fallait bien que ça se termine… Un peu le blues quand même: avoir tant reçu d'un public enthousiaste, c'est magique.
OK, je vais m'y remettre, à ce blog. Sérieusement, j'espère… mais après les vacances. Pour le moment, fait trop chaud. Il y aura donc un petit côté "rentrée" qui fera que, peut-être, je lui changerai son look, je le peaufinerai, néanmoins dans des mesures raisonnables (je veux dire: en accord avec mon aisance relativement limitée et bas de gamme dans le genre).
…un petit extrait lu chez Jean-Michel Ribes (dans Merci Bernard)…
Le gros mot caché Dans l'amusante petite scène qui suit, le dialoguiste, Louis Ceribou, a très habilement caché un gros mot. Essayez de le découvrir.
«Une rue d'une petite ville. Un homme en croise un autre.
André: Tiens, bonjour mon vieux Paul.
Paul: Fais attention, tu ne vois pas que tu me marches sur le pied, gros con !»
Si vous avez trouvé le gros mot caché, envoyez votre réponse à: Merci Bernard, BP 1, Paris.
Solution de la semaine dernière:
Le gros mot caché de la semaine dernière était "trou du cul". Bravo à la petite Jocelyne, 5 ans, de Dijon, qui nous a répondu la première et qui gagne une poupée qui dit "merde".
Je viens d'entreprendre la lecture du dernier roman de Kundera, L'ignorance. Roman de la mémoire, du déracinement, de la souffrance face à l'exil. Un régal, que je vais déguster les jours qui viennent.
A propos d'Ulysse, quelques lignes terrifiantes, qui me poursuivent depuis que je les ai lues tard hier au soir:
Pendant les vingt ans de son absence, les Ithaquois gardaient beaucoup de souvenirs d'Ulysse, mais ne ressentaient pour lui aucune nostalgie. Tandis qu'Ulysse souffrait de nostalgie et ne se souvenaient de presque rien.
On peut comprendre cette curieuse contradiction si on se rend compte que la mémoire, pour qu'elle puisse bien fonctionner, a besoin d'un entraînement incessant: si les souvenirs ne sont pas évoqués, encore et encore, dans les conversations entre amis, ils s'en vont. Les émigrés regroupés dans des colonies de compatriotes se racontent jusqu'à la nausée les mêmes histoires qui, ainsi, deviennent inoubliables. Mais ceux qui ne fréquentent pas leurs compatriotes, comme Irena ou Ulysse, sont inévitablement frappés d'amnésie. Plus leur nostalgie est forte, plus elle se vide de souvenirs. Plus Ulysse languissait, plus il oubliait. Car la nostalgie n'intensifie pas l'activité de la mémoire, elle n'éveille pas de souvenirs, elle se suffit à elle-même, à sa propre émotion, tout absorbée qu'elle est par sa seule souffrance.
Après avoir tué les téméraires qui voulaient épouser Pénélope et régner sur Ithaque, Ulysse fut obligé de vivre avec des gens dont il ne savait rien. Eux, pour le flatter, lui rabâchaient tout ce qu'ils se rappelaient de lui avant son départ pour la guerre. Et, convaincus que rien d'autre que son Ithaque ne l'intéressait (comment auraient-ils pu ne pas le penser puisqu'il avait parcouru l'immensité des mers pour y revenir ?), ils lui serinaient ce qui s'était passé pendant son absence, avides de répondre à toutes ses questions. Rien ne l'ennuyait plus que cela. Il n'attendait qu'une seule chose: qu'ils lui disent enfin: Raconte ! Et c'est le seul mot qu'ils ne lui dirent jamais.
Pendant vingt ans il n'avait pensé qu'à son retour. Mais une fois rentré, il comprit, étonné, que sa vie, l'essence même de sa vie, son centre, son trésor, se trouvait hors d'Ithaque, dans les vingt ans de son errance. Et ce trésor, il l'avait perdu et n'aurait pu le retrouver qu'en racontant.
Après avoir quitté Calypso, pendant son voyage de retour, il avait fait naufrage en Phéacie où le roi l'avait accueilli à sa cour. Là, il était un étranger, un inconnu mystérieux. A un inconnu on demande: «Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Raconte !» Et il avait raconté. Pendant quatre longs chants de l'Odyssée, il avait retracé en détail ses aventures devant les Phéaciens ébahis. Mais à Ithaque, il n'était pas un étranger, il était l'un des leurs et c'est pourquoi l'idée ne venait à personne de lui dire: «Raconte !»
Ouf !… Ce n'est pas que je tienne absolument à parler de météo, mais la fraîcheur retrouvée et la pluie d'aujourd'hui n'ont pas été un luxe, après un juin caniculaire (le plus chaud depuis qu'existent les statistiques, soit depuis plus d'un siècle). Peut-être que ça me redonnera envie de poster… bien que j'aie l'esprit ailleurs, ces temps-ci.