Mardi (hier) soir. Mon fils est dans l'avion Sydney-Londres. Il m'avait promis un sms depuis Bangkok, pendant l'escale technique. Ce sms tarde, ne vient pas. Sans forcément être inquiet, je cherche sur Internet pour connaître l'heure de cette escale. Et je tombe sur ça… Mais… c'est son vol ! mon sang se glace, je lis attentivement… et puis je remarque la date de l'article: jeudi 23 septembre 1999 !!! Faut pas laisser traîner des choses comme ça, sur le Net, ça peut faire des dégâts…
Une question surgit, tout d'un coup: nos sociétés ont-elles connu une période où le fond l'aurait emporté sur la forme ? Je cherche, je cherche… Le débat serait-il lancé ?
Samedi dernier, le "Grand Prix du Maire de Champignac", destiné à couronner les fleurons de l'art oratoire de nos personnalités romandes, a rendu son verdict. Le Champignac d'Or a été attribué à l'ex-conseiller d'Etat vaudois Pierre Chifelle, pour cette remarquable affirmation: «Ce serait véritablement se tirer une balle de plus dans le pied que de se mettre cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, et puis de couper la corde qui la retient.» Tous les détails, ainsi que tous les candidats, à découvrir sur le site de La Distinction. Un bon moment à passer en cette période de Fêtes…
Dimanche, las d'être écrasés par une chape ouatée sombre et immuable, on s'est dit qu'on allait chercher le soleil là où il était. C'est-à-dire pas trop loin. D'où une petite virée dans les Préalpes fribourgeoises, avec vue imprenable sur la mer de brouillard recouvrant le bassin lémanique. On n'était pas les seuls à se balader sur des pentes plutôt faites pour le ski, sans neige. Il faisait si doux qu'on se serait cru à Pâques. Un silence magique, seulement troué par quelques battements d'ailes.
Encore un petit papier égaré sur mon bureau, où j'avais reporté cette citation de Raymond Devos: Je préfère glisser ma peau sous les draps pour le plaisir des sens que de la risquer sous les drapeaux pour le prix de l'essence.
Vu hier soir à la TV romande un documentaire accablant: Mémoire d'un saccage (Argentine, le hold-up du siècle), de Fernando E. Solanas. L'histoire écœurante d'une trahison, la trahison des dirigeants argentins, depuis la chute du général Videla en 1983, qui a jeté des centaines de milliers personnes dans la pauvreté et la misère. Et si c'était, en raccourci et en accéléré, une vision de ce que pourraient entraîner la corruption et l'ultralibéralisme ambiants sur l'ensemble de la planète ? Ça fout pas la pêche pour commencer la semaine, tiens…
Hier ça faisait 24 ans que John Lennon tombait sous les balles de Mark Chapman. On en reparlera peut-être plus l'année prochaine, quand ça fera un quart de siècle…
Ainsi, les chambres fédérales ont élu confortablement Samuel Schmid à la présidence de la Confédération pour 2005. On est donc ravi pour lui. Il est sympa, ce Samuel. Sitôt élu, il aurait dit vouloir placer cette présidence sous le signe de la rencontre, prévoyant ouvrir le dialogue direct avec la population en se déplaçant lui-même dans les cantons. On se réjouit de lui serrer la rame. Mieux, il aurait affirmé vouloir «entendre les gens qui se taisent mais qui auraient quelque chose à dire, alors que trop de gens parlent fort sans avoir rien à dire». Nous voilà avertis !
Retrouvé sur un papier, égaré dans une pile de documents, cette citation d'Oscar Wilde: «Quand on est enfant, on aime ses parents. Quand on est adolescent, on les comprend. Et, adulte, il arrive qu'on leur pardonne.»
Il est envoûtant de sentir, à chaque fois qu'elle émerge des abysses où certains créateurs sont allés l'enfouir, la beauté nous envahir par tous les pores de la peau. Comme ces quelques étincelantes mesures de l'Ave maris stella, dans les Vêpres de Monteverdi.