Bon, d'accord, il avait 83 ans… mais malgré tout je me sens un petit peu orphelin: Benno Besson s'est éteint hier. Fin d'un enchanteur, comme dit l'article du Temps. Allez le lire, vous saurez l'essentiel sur cet homme magnifique. Je vais garder comme une relique dans un coin de ma mémoire le souvenir ébloui du dernier de ses spectacles auquel j'ai pu assister (deux fois, tellement le plaisir fut grand): Le cercle de craie caucasien, de Brecht, moment de théâtre d'une magie éblouissante. (Bon, ce sera pas difficile, ça existe en DVD, volez-le si vous êtes en fin de mois…)
«La vie est une rivière», disait le vieux sage au disciple qui avait tout quitté pour venir à sa rencontre, traversant les mers, les montages et les vallées en quête du secret de la vie. «La vie est une rivière» annonçait, en lévitation, le vieux sage au sommet de la montagne, au disciple qui avait quitté travail, femme et enfants, vendu ses actions et résilié ses abonnements pour accéder au grand secret. «La vie est une rivière» murmurait, en fermant les yeux, le vieil ascète qui se nourrissait de sept olives par jour, huit auraient été de la gourmandise et six de l'orgueil. – Attendez, protestait le disciple, je n'ai pas fait tout ce chemin pour m'entendre dire que la vie est une rivière ? Le vieux ouvrait des yeux ahuris: – Comment ?… la vie n'est pas une rivière ?…
Rires, sourires, tendresse et émotion hier soir: j'ai eu l'immense plaisir d'être parmi le public assistant au tour de chant de Pierre Louki. Un tel humour lié à une telle délicatesse, c'est devenu si rare aujourd'hui. Et surtout quand ça vient d'un magnifique octogénaire !
J'aime quand, parfois, la lumière hésite entre silence et éclat. Un de ces derniers matins, la campagne vaudoise avait cette coloration vaporeuse qui peut nous faire douter du temps qui passe…