« (…) ce que tout roman devrait être: un lieu où surgit l'inattendu, un perpétuel défi à la forme par le fond, et inversement, un mémorial de langue et de noms propres autant qu'une descente aux souterrains de l'esprit ou une consolation aux hommes privés de Dieu.»
Ma vie parmi les ombres, Gallimard collection Folio, p. 303-304.
Franchement, j'ai pas fait le bon choix. J'aurais dû être président du Conseil d'administration de l'UBS ! L'an dernier, Marcel Ospel, qui occupe cette fonction depuis 2001, s'est mis dans la poche 66'000 francs suisses (42'000 €) par jour, week-ends et jours fériés compris. Bon, on ne va pas à nouveau brandir le poing en hurlant à la guillotine, et en soulignant le fait qu'une caissière de grande surface devrait bosser à peu près 625 ans pour atteindre ce chiffre, non. Moi, la question que je me pose, c'est: «Qu'est-ce qu'il peut bien faire de tout ce pognon ?!?» Il parraine des cohortes de petits soudanais ou tanzaniens sous-alimentés ? Il finance des programmes d'alimentation en eau potable pour populations démunies ? Lui qui, l'an dernier, a déposé ses papiers dans le canton de Schwyz pour raisons fiscales, et ainsi payer moins d'impôts…
«Après moi la langue ne sera plus tout à fait la même. Elle entrera dans une nuit remuante. Elle se confondra avec le bruit d'une terre désormais sans légendes. Les langues s'oublient plus vite que les morts. Elles tombent, comme le jour, le vent, ou le silence sur le monde où je suis né et qui était peuplé de gens rudes, peu loquaces, au visage tourné vers le couchant, et qui auraient souri de me voir, moi, le dernier des Bugeaud, seul de ma race à écrire aujourd'hui le français à peu près comme ils ont rêvé de le parler ou, pour quelques-uns, l'ont parlé, quand ils ne s'exprimaient pas en patois, dans ce parler limousin où s'entendaient encore, entre les souffles des animaux et ceux des grands bois, tous les temps du subjonctif, tandis que le français y renonçait et qu'ils parlaient, eux, avec ce respect de la syntaxe française qui était la véritable armature de l'homme, pour les Bugeaud comme pour les autres Siomois, y compris ceux qui parlaient mal mais qui considéraient que s'exprimer correctement était ici-bas la vraie, la seule gloire.»
J'avais promis à Pralinette que je retrouverais une toute vieille photo de moi-même en personne. Alors me voici il y a… euh… le Petit Père des peuples avait cassé sa pipe quelques semaines plus tôt, et moi il ne devait pas y avoir très longtemps que j'avais soufflé mes trois bougies. Une petite descente à Lausanne, maman m'avait acheté cette magnifique casquette (c'est moi qui l'avais choisie) et on avait immédiatement été immortaliser la chose chez le photographe. Chouquinet, non ?