Plus envie – stop – Trop de boulot – stop – Problèmes familiaux – stop - Pas graves mais préoccupants – stop – Ai envoyé ce blog en coma artificiel – stop – Reviendrai plus tard – stop – Peut-être…
«Voyez-vous, il y a à mon sens trois attitudes possibles devant cette vie absurde. D'abord l'attitude de la masse (…), qui refuse simplement de voir que la vie est une blague. Ceux-là n'en rient pas, mais travaillent, accumulent, mastiquent, défèquent, forniquent, se reproduisent, vieillissent et meurent comme des bœufs attelés à la charrue, idiots comme ils ont vécu. C'est la grande majorité. Ensuite, il y a ceux, comme moi, qui savent que la vie est une blague et qui ont le courage d'en rire, à la manière des taoïstes ou de votre Juif. Enfin, il y a ceux, et c'est si mon diagnostic est exact votre cas, qui savent que la vie est une blague, mais qui en souffrent.» Jonathan Littell, Les bienveillantes, p. 267.
Quatre jours de calme automnal dans une région d'une douceur extrême, à un saut de puce de "chez nous": la vallée de la Loue.
Une déception toutefois: le musée Courbet, à Ornans, dont la pauvreté muséographique, le négligé de la présentation sont indignes de ce grand peintre du courant réaliste.
Traverser le Lavaux un radieux et calme matin d'automne, les vignes flamboyant sous la vendange et le lac lançant quelques clins d'oeil au soleil émergeant des sommets, est un véritable régal...
Dès que j'aurai une lecture de libre, il faudra que je me précipite sur Le Voleur, de l'anarchiste Georges Darien (1897 !). Imaginez, il y est dit: «Qu'est-ce que la civilisation ? C'est l'argent mis à la portée de ceux qui en possèdent.» On ne peut pas faire plus simple...
Il y a quelque chose de totalement émouvant dans le dernier CD de Bob Dylan, que je n'arrive absolument pas à définir... Voilà donc quelques bouffées de nostalgie en perspective !
Pour faire un peu comme tout le monde, mais aussi - et surtout - parce que c'est Richard Millet qui l'édite et en parle avec un enthousiasme non feint, je viens d'entamer la lecture de «Les Bienveillantes», de Jonathan Littell. Quelques pages ont suffi à m'assurer que les semaines qui viennent seront âpres et suffocantes...
J'ai un peu honte, là, ce matin, suite aux résultats des votations d'hier. La journée va être morne: la preuve, c'est gris et il pleut… La lente et sournoise progression des idées blochériennes dans ce pays me donne la nausée.
Chez nos voisins d'outre-Jura, le cirque politico-médiatico-pré-présidentielles, assez consternant, prend de l'épaisseur. L'automne va être dense ! Je crains quand même que ça devienne un peu lassant, à la longue, non ?
Aujourd'hui, en Suisse, a lieu la Journée nationale du don d'organes. C'est une lapalissade que de dire que la demande est considérablement plus forte que l'offre: chaque année, dans ce pays, 50 personnes meurent inutilement parce qu'elles n'ont pas pu recevoir un organe à temps, et 1'000 patients figurent sur une liste d'attente pour une transplantation, dont une moitié seulement pourra compter sur une opération. J'en suis conscient depuis longtemps, et suis totalement favorable au don d'organe. Pourtant, quand je regarde mes deux fils de 19 et 22 ans, j'ai comme un petit blocage, quelque part au fond de moi. On en a parlé, les cartes de «Swisstransplant» sont là, sur mon bureau, il n'y a qu'à les signer, puis les porter sur soi en permanence… Ce n'est vraiment pas évident d'imaginer aussi "administrativement" la mort brutale d'un des siens…
Au fin fond du Rouergue, quelques longues journées de calme, dans une chaleur pesante, à traverser des pays comme presque oubliés.
Mais pendant ce temps, le canon tonne. Qu'y a-t-il derrière les yeux égarés de ces femmes pleurant leur fils, de ces hommes enterrant leur frère ? Y a-t-il autre chose que ces messages funestes écrits par quelques jeunes insouciantes sur la tête des bombes ?
Oui, je sais, pas besoin de me le signifier en long en large et en travers, je ne passe pratiquement plus par ici, ce blog rouille dans toutes ses articulations, la poussière s'accumule dans tous ses recoins, et le plus drôle c'est que je m'en tamponne le coquillard.
Mais, sûr, c'est momentané. De prochaines et très attendues et très reposantes et très nécessaires vacances – dans l'Aveyron, pour les curieux – vont me permettre de presser le bouton "reset", et je vais réapparaître vers mi-août brillant comme un sou neuf, drôle, léger, amène, sérieux quand il faut mais pas trop, ou alors grave, profond, lyrique, ou exalté, tout dépendra du monde comme il ira. On verra.
… entendu récemment, dans la bouche du physicien Etienne Klein, lors d'une interview radiophonique: Nous déclarons vraies les idées que nous aimons, mais nous n'aimons pas les idées vraies.
Dans la nuit calme et fraîche, en écoutant la Sonate en si mineur de Liszt, je feuillette Syllogismes de l'amertume (1952). Et je tombe sur ces deux choses:
Combien j'aimerais périr par la musique, pour me punir d'avoir quelquefois douté de la souveraineté de ses maléfices !
– et –
C'est en vain que l'Occident se cherche une forme d'agonie digne de son passé.
Sur quoi pleure-t-on exactement lorsque des bouffées de nostalgie nous remontent comme une vague ? Ça m'apprendra à faire de l'ordre. Je n'aurais pas remis la main sur le minidisc où j'avais enregistré ce vieux double vinyl de la tournée Mad Dogs & Englishmen (Joe Coker et Leon Russell, 1970). Pour un coup de blues (dans les deux sens), c'est réussi…
Comme les trombes d'eau ruisselant de partout n'étaient guère engageantes pour aller "rouler les œufs" en une balade humide à défaut d'être printanière, c'est une virée en notre ville fédérale qui occupa une partie de ce dimanche pascal. Plus précisément la visite du Centre Paul Klee, inauguré en juin de l'année dernière, étonnante réalisation de l'architecte Renzo Piano (qui commit il y a une trentaine d'année le Centre Pompidou à Paris). Une manière de ne pas perdre son temps bêtement devant la télé…
J'ai encore trop d'hiver dans la tête. J'ai les rêves peuplés du cri sans musique des corneilles dans les après-midi de grisaille, de ces absences de sons qu'aucun archet ne vient déchirer en promesses de matins clairs. Ces «alarmes» sommeillent, les yeux grands ouverts, écarquillés sur d'inutiles attentes. Les femmes ne retrouveront leur beauté qu'avec le retour des martinets.
« (…) ce que tout roman devrait être: un lieu où surgit l'inattendu, un perpétuel défi à la forme par le fond, et inversement, un mémorial de langue et de noms propres autant qu'une descente aux souterrains de l'esprit ou une consolation aux hommes privés de Dieu.»
Ma vie parmi les ombres, Gallimard collection Folio, p. 303-304.
Franchement, j'ai pas fait le bon choix. J'aurais dû être président du Conseil d'administration de l'UBS ! L'an dernier, Marcel Ospel, qui occupe cette fonction depuis 2001, s'est mis dans la poche 66'000 francs suisses (42'000 €) par jour, week-ends et jours fériés compris. Bon, on ne va pas à nouveau brandir le poing en hurlant à la guillotine, et en soulignant le fait qu'une caissière de grande surface devrait bosser à peu près 625 ans pour atteindre ce chiffre, non. Moi, la question que je me pose, c'est: «Qu'est-ce qu'il peut bien faire de tout ce pognon ?!?» Il parraine des cohortes de petits soudanais ou tanzaniens sous-alimentés ? Il finance des programmes d'alimentation en eau potable pour populations démunies ? Lui qui, l'an dernier, a déposé ses papiers dans le canton de Schwyz pour raisons fiscales, et ainsi payer moins d'impôts…
«Après moi la langue ne sera plus tout à fait la même. Elle entrera dans une nuit remuante. Elle se confondra avec le bruit d'une terre désormais sans légendes. Les langues s'oublient plus vite que les morts. Elles tombent, comme le jour, le vent, ou le silence sur le monde où je suis né et qui était peuplé de gens rudes, peu loquaces, au visage tourné vers le couchant, et qui auraient souri de me voir, moi, le dernier des Bugeaud, seul de ma race à écrire aujourd'hui le français à peu près comme ils ont rêvé de le parler ou, pour quelques-uns, l'ont parlé, quand ils ne s'exprimaient pas en patois, dans ce parler limousin où s'entendaient encore, entre les souffles des animaux et ceux des grands bois, tous les temps du subjonctif, tandis que le français y renonçait et qu'ils parlaient, eux, avec ce respect de la syntaxe française qui était la véritable armature de l'homme, pour les Bugeaud comme pour les autres Siomois, y compris ceux qui parlaient mal mais qui considéraient que s'exprimer correctement était ici-bas la vraie, la seule gloire.»